vendredi 25 novembre 2016

La loi du genre : un défi à l'acte de réception ?

Dr. M. MARTAH


Plût au ciel que le lecteur enhardi et  devenu momentanément féroce
comme ce qu'il lit, trouve, sans se désorienter, son chemin abrupt et sauvage,
à  travers les marécages désolés de ces pages sombres et pleines de poison ;
car, à moins qu'il n'apporte dans sa lecture une logique
rigoureuse et une tension d'esprit égale au moins à sa défiance,
les émanations mortelles de ce livre imbiberont son âme comme l'eau le sucre.
Lautréamont, Les Chants de Maldoror (1869)

La double acception de la production et de la réception des textes littéraires ne peut en aucun cas se passer de la notion du genre. En effet, cette notion qui est à revoir du point de vue définitionnel, constitue l'élément fondamental dans le choix de lire ou de ne pas lire un texte littéraire, et ce indépendamment  de son origine, de sa langue et de ses influences. Le genre s'impose  donc tel un  préalable  à l'écriture et à la lecture  d'une œuvre littéraire. Une fois défini et décidé dans l'acte scripturaire, le genre détermine l'horizon d'attente à la fois souhaité par l'auteur et consenti par le lecteur.  Aussi, est-il légitime  de poser cette question fondamentale: est-ce que la loi du genre constitue un réel défi à l'acte de réception ?
De cette question, objet de notre communication,  et à laquelle nous répondrons par la positive, découlent d'autres interrogations  tout aussi importantes :
-        Avons-nous besoin des genres  pour comprendre les textes littéraires ?
-        Quelle est la part du genre dans l'acte de lire ?
-        Quelle en est l'incidence sur la réception en tant qu'expérience esthétique ?
-        Quel en est l'impact sur l'interprétation ?
-        La production du sens est-elle dépendante d'une connaissance préalable du genre dans et à travers lequel s'énonce l'œuvre d'art ?
Pour répondre à toutes ces questions, l'approche herméneutique nous sera d'un grand secours. Elle explique la relation, en tant que phénomène, entre le texte et son ou ses genre(s) avant d'inclure dans cette logique de corrélation l'instance du lecteur, lui-même, producteur de sens. Bientôt l'approche va prendre une autre perspective lorsque genre et interprétation seront mêlés, non sans bonheur d'ailleurs, à la lecture comme expérience esthétique.
 Dès lors, cette approche, impliquant trois domaines de recherche, notamment la réception, la généricité  littéraire et l'interprétation, va prendre la forme d'un défi à relever surtout quand il s'agit du renouveau de la théorie de la littérature.
 Revenir sur les principes épistémologiques de la généricité, revisiter l'expérience esthétique de la lecture et  reconsidérer les bases théoriques de la réception, constituent des atouts théoriques afin de mieux être dans l'interprétation. Une surconscience du lecteur « lettré »[1] est requise afin d'éviter de tomber dans les anachronismes ou dans les contre-sens.
Il est  à constater que depuis la deuxième moitié du XXe siècle,  l'œuvre d'art se laisse approcher tel un phénomène ; la notion du genre peut se laisser appréhender,  elle aussi, dans le sens d'une phénoménologie de la lecture dans sa corrélation avec l'écriture. Pour qu'il y ait concrétisation de l'œuvre d'art (selon le sens de Hans-Robert JAUSS Pour une esthétique de la réception, 1970), la coopération du lecteur est requise. Cette coopération est désormais intelligible ; elle émane d'un engagement au niveau de sa connaissance et de sa maîtrise de l'œuvre dont il fait acte de réception. Sa jouissance, qui se transforme en expérience esthétique[2], est essentiellement épistémologique. Le plaisir de lire a lieu quand a lieu la reconnaissance générique. Cette notion de jouissance esthétique cognitive s'accomplit pleinement quand le lecteur fait preuve d'une maîtrise de la question du genre, de la prise en compte de ses mutations à travers le temps[3] et suivant les changements qui surviennent dans l'horizon d'attente de ses différents publics à travers l'histoire, qu'il s'agisse  d'une œuvre nouvelle, d'une œuvre consacrée par la tradition (œuvre dite universelle) ou qu'il s'agisse encore d'œuvres successives.
En effet, Wolf Dieter Stempel stipule que la réception d'une œuvre littéraire, à condition de sa concrétisation et de son actualisation, devient elle-même un processus générique[4]. Les lecteurs se succèdent et, par la force des choses, la lecture devient expérience esthétique intersubjective. A ce propos, Jauss avance le concept de fusion des horizons d'attente (Pour une esthétique de la réception 1970. A ce niveau de l'analyse, qu'adviendrait-il  des genres littéraires ? Dans cette mutation fusionnelle de l'expérience esthétique, la généricité, en tant que constance immuable, finit par montrer ses limites. De toute évidence, la réception effective a fini par affecter la structure générique de l'œuvre d'art. Ceci est  perceptible dans le cas des influences (entre auteurs), des traductions et des adaptations d'une œuvre d'art pour un public géographiquement éloigné. Là, encore, une question s'impose : le genre, pour rester dans son acception aristotélicienne, possède-t-il des facultés transtextuelle, translinguistique et transculturelle ? L'interdépendance entre signifiant et signifié, forme et fond, langage et fiction, genre et représentation fait qu'il  paraît difficile de créer des scissions à l'intérieur de chacune de ces binarités.
Mais dans le cas d'une lecture, et plus particulièrement d’une traduction - véritable appropriation - cette scission devient possible. Non seulement le sens devient pluriel, mais le genre littéraire, véhicule de ce sens, devient lui-même objet d'éclatement. Cependant, si l'acte traducteur se solde par une déception de l'attente et donc par un échec de la lecture, c'est que l'ensemble[5] de l'œuvre d'art a rencontré une frontière[6].
Cette notion de genre devient alors insuffisante s'agissant de vouloir tout énoncer, ou quand il s'agit, dans une fiction, en construction, de passer d'un registre à un autre, d'un mode à un autre ; là où se mélangent réalisme, fantasmagorie et fiction ; là où a lieu l'avènement des mélanges des genres ; là encore où l'écriture, elle-même, veut se faire objet central de l'œuvre, en se regardant en tant qu'expérience esthétique en cours de réalisation ; là où la critique s'associe au fragment et là où poésie, philosophie et histoire se marient dans un transgression généralisée de la loi du genre.
En outre, il ne peut y avoir d'effet esthétique que ce soit chez Jauss, Chez Eco ou chez Iser[7], que lorsque l'acte de lire se veut un acte intelligible au sens pratique du terme, c'est-à-dire qui concrétise le texte reçu en lui donnant une forme esthétique nouvelle dans une structure générique nouvelle[8]. Cette forme de réception reste l'expression d'une « expérience de la production sémiotique [et donc] d'une nouvelle configuration générique »[9]. Il est certain que l'expérience esthétique différenciée présuppose une mutation dans l'horizon d'attente qui tiendrait compte de la spécificité culturelle du lecteur issu d'un horizon culturel.
Toutes ces considérations constituent un double enjeu à la fois esthétique et historique. Enjeu esthétique dans la mesure où  auteur et lecteur passent par une expérience esthétique particulière et subjective ; enjeu historique, car ils participent tous les deux à l'historicisation de l'œuvre d'art (l'expérience devient intersubjective).
L'acte de lecture requiert  de la part du lecteur « une coopération interprétative »[10] de grande intellectualité. C'est ce qui nous a amené à raisonner en termes de défi à relever une fois en contact avec une œuvre d'art, et ce à plusieurs niveaux :
Au niveau du sens : suivant la nature du texte on passe de la pluralité à la surenchère des significations (l'œuvre est ouverte).
Au niveau du langage : la distinction entre langage ordinaire et langage poétique est obligatoire (la poéticité de l'œuvre).
Au niveau de la  lecture : L'attirance vers un texte suppose une certaine jouissance esthétique (le plaisir du texte).
Au niveau de l'histoire : le recoupement synchronique et diachronique impose une implication du lecteur dans l'histoire de la littérature (la lecture est un acte historiographique).
Au niveau cognitif : la lecture suppose connaissance et reconnaissance du savoir-faire de l'auteur. Elle fonctionne suivant une logique de continuité ou de rupture avec les œuvres du passé. (l'œuvre littéraire suppose de la connaissance).
Au niveau du genre : il existe des œuvres qui ne s'inscrivent sous la bannière d'aucun genre ou qui se réclament de tous les genres possibles et imaginables (l'œuvre d'art est totale, éclatée).
La production du sens ne peut, en littérature, s'effectuer en dehors de la textualité. De même que la mise en forme d'une écriture en crise ne peut se concevoir en dehors d'un genre lui-même en souffrance. Le plus important est de constater qu'il est impossible de produire une œuvre innovante sans qu'elle ne remette en question la généricité en tant que notion déterminant l'écrit. « Tout véritable chef-d'œuvre a violé la loi d'un genre établi, semant ainsi le désarroi dans l'esprit des critiques qui se virent dans l'obligation d'élargir le genre » B. Croce, Estetica, Bari, 1902[11]. Paradoxalement, l'écrit, lui-même, ne peut se concevoir en dehors d'une évolution des genres.
Il est indéniable de souligner que la notion de genre préexiste à l'œuvre d'art, elle lui offre un cadre de légitimité référentielle et une reconnaissance académique. Elle  est le garant d'une expression poétique en parfaite concordance avec le mode de représentation, départagé entre Dramatique, Epique et Lyrique[12], et respectivement correspondants à la faculté de désirer, à celle de connaître et enfin à celle de sentir. Présenté sous cette forme, ce mode de représentation mimétique se veut selon la tradition aristotélicienne un système clos de représentation générique. La question à poser dès lors est la suivante : Est-ce que ce mode de représentation est infaillible ? De toute évidence, non. Bien que l'intelligibilité du texte suppose une grande maîtrise des genres littéraires, il n'en demeure pas moins vrai que cet héritage générique soit façonné par les écrivains qui se transmettent ce savoir, qui le mettent en pratique à travers leurs écrits et qui le soumettent à l'appréciation des lecteurs, chacun selon son interprétation et selon son horizon d'attente.
 Le genre littéraire représente un véritable mécanisme régulant le processus de la réception ; il peut même s'apparenter à un « conditionnement générique de la concrétisation »[13] ou encore à une « instance qui assure la compréhensibilité du texte du point de vue de sa composition et de son contenu »[14]
Pouvons-nous nous aventurer plus en avant et dire que les genres littéraires sont interprétables. Dans ce cas précis, et puisque l'interprétation est inévitablement historique, le genre se prête à une appréhension plurielle. Déjà, la théorie des genres n'est plus réductible aux trois genres consacrés par la tradition aristotélicienne. En témoignent tous ces genres appelés « espèces poétiques », « genres inférieurs », « genres mineurs », « petits genres » qui interviennent pour que, d'une part, la mimésis soit plus élargie et pour que, d'autre part, la considération poétique  de ces genres dits non « représentatifs » soit rétablie. L'évolution du champ littéraire, selon les propos de Gérard Genette, « détermine la réserve de virtualités génériques»[15]. Le genre n'est plus à considérer comme composante sui generis et unique  à l'œuvre littéraire en tant que reproduction fidèle d'une forme qui préexiste à cette même œuvre. Dans le cas de l'intertextualité - une autre forme d'actualisation où  les textes s'entrecroisent à l'infini suivant des procédés tantôt avoués, tantôt omis- il est impossible de suivre les traces de tel ou tel genre, de tel ou tel mode. Il est  tout autant chimérique de suivre les traces textuelles premières, qui n'existent pas d'ailleurs. A l'intertextualité correspond une inter-généricité désordonnée et dont les contours sont flous surtout quand il s'agit de faire des emprunts dans une autre langue et dans une autre culture.
Nous assistons alors à une forme d'évolution - pour ne pas dire ‘'abaissement''-  des formes génériques naturelles (ou genres supérieurs) vers des espèces poétiques (ou genres inférieurs)  plus appropriées et plus adaptées aux textes en construction. Cette évolution que nous appellerons glissement générique est essentiellement un fait émanant d'un acte de lecture ayant abouti à une actualisation et à une concrétisation. Retracer les contours historiques de la notion du genre est certes utopique, mais nous pouvons en établir l'histoire des glissements génériques, tenant compte  des lectures successives chacune suivant son horizon d'attente. D'un genre à un autre (inférieur soit-il), de la tragédie destinée aux rois et aux nobles à la comédie destinée à un public moins averti, moins connaisseur et peu lettré, les critiques ont assisté à un glissement générique où l'acte de réception continue à jouer un rôle historique décisif, et ce grâce aux changements incessants des publics successifs. Dire qu'une œuvre est universelle, c'est une métaphore. Révéler, génériquement le pourquoi de cette universalité, voilà qui est d'un intérêt capital pour l'historicisation de la littérature, de ses lectures et  de ses genres et sous-genres.
De la hiérarchisation aristotélicienne à la réglementation académique, le genre a toujours fait l'objet d'une considération politique, idéologique et esthétique. Le respect des genres émane d'un conformisme heureux tant que des auteurs s'y complaisent et tant que les lecteurs s'y reconnaissent esthétiquement, vérifiant ainsi sa parfaite correspondance avec leur horizon d'attente.
En effet, Antoine Compagnon, dans sa série de leçons à propos des genres littéraires[16], souligne l'importance du genre pour l'énonciation, pour l'interprétation et pour la réception des textes littéraires.  « Même si le sens est inhabituel et toujours sous certains aspects uniques, écrit-il, le locuteur sait qu'il doit prendre en compte la compréhension du destinataire. Il y a donc un transfert de systèmes d'attentes : un dédoublement du locuteur, une compétence générique partagée. Les sens font partie d'une compétence spatiale, et le texte sans genre reste un mythe »[17] A ce propos, nous pouvons dire que le genre est infiniment intrinsèque au texte, mais, le reste-t-il indéfiniment ? L'expérience esthétique concrétisant  le sens d'une œuvre littéraire est-elle en mesure de respecter le genre intrinsèque? Suivant la logique de la succession des lectures à travers le temps et l'espace, non seulement l'œuvre devient ouverte, mais les genres subissent un éclatement conséquent. Pourtant, et « suivant le point de vue de la lecture, écrit A. Compagnon, les genres restent les catégories dominantes de la réception »[18]qu’ils soient conscients ou non, révélés ou laissés sous silence.   
Considérons ce passage tiré des Chants de Maldoror de Lautréamont (Isidore Ducasse). Dans cet exemple, et il y en a d'autres, « le lecteur passe par (…) diverses présuppositions génériques au fur et à mesure de sa progression »[19]. Ici, la part du genre reste une simple présomption, une hypothèse au lieu d'être un engagement ou une promesse, et ce  à un moment où, pendant la première moitié du  XIXe siècle, la question des genres était une affaire d'orthodoxie. La deuxième moitié de ce même  siècle, et pour des raisons esthétique et philosophique, va être témoin de l'avènement de ce que la critique a appelé « modernité ». Nous concernant, cette modernité reste synonyme de décloisonnement  générique à tous azimuts. Baudelaire, Rimbaud, Lautréamont, Mallarmé vont produire des œuvres que la critique qualifiera de « grande », « totale » et de transgressive. Ce qu'Antoine Compagnon qualifie d' « indifférence au genre »[20]. Ce qui va faire prévaloir l’œuvre (le livre) en sa qualité indéniable de  produit appartenant à la littérature seule. « Tout se passerait donc comme si, les genres s'étant dissipés, la littérature s'affirmait seule, brillait seule… »[21]
En effet, avec les Chants de Maldoror, œuvre hybride,  atypique, génériquement inclassable, nous assistons, à mesure que la lecture progresse, à l'avènement  du plagiat à la fois reconnu, défendu et mis en pratique « le plagiat est nécessaire écrit-il… », et de continuer « la poésie doit être faite par tous et non par un pauvre Hugo… ». Lautréamont avait-t-il une idée précise du caractère « total » de son œuvre ? Une chose est sûre, il n'écrit pas dans la conception du «genre intrinsèque ». Avait-il une idée précise quant au devenir générique de son œuvre ? L'hybridité textuelle ne peut se réaliser que dans le cadre d'un mélange parfait où il n'y aurait plus de frontières entre les genres. « Au bout de la transgression générique, disparaissent les valeurs et les normes»[22]. Interpréter une œuvre appartenant à la modernité (œuvre  dite totale ou impure), suivant des schémas génériques traditionnels serait l'équivalent d'un échec au niveau de l'horizon d'attente.
Pour souligner la pertinence de la correspondance texte / genre(s), il est licite de mesurer l'impact de la généricité sur l'acte de lire en vue d'une concrétisation et d'une actualisation. Faire acte de lecture ou de réception dans et par la transgression (parce que le texte transgresse les lois de la production esthétique), c'est en même temps reconnaître négativement les genres et donc leur prééminence.
Transposer cette transgression générique dans l'acte de lire est une expérience esthétique en soi. Bien qu'elle s'inscrive dans une logique du non, elle n'en demeure pas moins un acte historiographique de grande importance. C'est l'histoire littéraire telle qu'elle est voulue par Han-Robert Jauss : à la fois l'histoire de la production et de la réception des œuvres, même si l'une comme l'autre se placent sous le signe de la transgression des genres. L'horizon d'attente décrété par l'auteur et consenti par le lecteur se réalise sur le plan de la généricité textuelle, qu'il s'agisse de conformité ou de transgression de la notion de genre. A la question : est-ce que le genre constitue un réel défi à la réception ? Nous répondrons par oui, mais à la condition d'envisager un horizon d'attente de la transgression esthétique, c'est-à-dire qui tienne compte de la possible hybridité générique d'une œuvre littéraire.














[1]   Référence explicitement faite ici à Stéphane Santerres-Sarkany dans son livre Théorie de la littérature, Paris, P.U.F. « que sais-je ?», 1990, p.67.
[2]   L'acte de lecture, en tant qu'expérience esthétique, se transforme en production de sens.
[3]   A ce propos Karl Viëtor, dans son article « L'Histoire des genres littéraires »  avoue qu'on « ne peut tracer une fois pour toutes le contour matériel de l'histoire des genres » publié dans Théorie des Genres (collectif), Seuil, «Points », 1986, p. 34.
[4]   Cf. Wolf Dieter Stempel, « Aspects générique de la réception », in Théorie des genres, Op.cit., pp. 161-178.
[5]   L'œuvre et son genre constituent un « tout » que le traducteur et le lecteur doivent obligatoirement saisir.
[6]   La notion de frontière renvoie plus particulièrement aux différences culturelles qui ont une incidence sur la prédisposition esthétique qui, elle, décide dans l’acceptation ou pas du genre. Il y a frontière tout simplement parce que l’horizon culturel de la production et celui de la réception sont différents de part la langue, le contexte, le public récepteur de Molière adapté au théâtre marocain. En effet,  l'adaptation de la quasi-totalité de Molière pour le théâtre Marocain s'est faite dans le dialecte marocain. Ce fut un succès mémorable. La critique dramatique était divisée entre le pour et le contre. Et à aucun moment cette critique n'a réussi à soulever la question sur le plan esthétique : adaptation, oui, mais selon quelles normes génériques ? Quel horizon d'attente pour quelle production esthétique ? Le récepteur Marocain a-t-il eu une expérience esthétique préalable de ce qu'est la comédie et de ce qu'est le tragi-comique ? La jouissance esthétique, en tant qu'expérience, a bien eu lieu malgré le fait que la notion du genre du texte adapté (comédie ou tragi-comédie) est complètement étrangère à l'horizon d'attente spécifique au spectateur, voire aux spécialistes marocains du théâtre proposé par T. LAÂLAJ. Le genre est en crise et l'horizon d'attente l'est autant.
[7]   Jauss avance la notion de concrétisation du texte littéraire par la production du sens ; Eco parle des « interstices » ou des « espaces blancs » à remplir par l'acte de lire (principe de coopération) et Iser amène la notion de corrélation entre auteur et lecteur.
[8]   De Lautréamont aux surréalistes, de l'œuvre ressuscitée à l'avènement du surréalisme en passant par l'actualisation par l'acte éditorial entrepris par Ph. Soupault. La publication qui s’en est suivie était placée sous le signe d’une réception de  transgression d’écart esthétique et de fusion de l’horizon esthétique .
[9]   Wolf Dieter Stempel , « Aspects générique de la réception », in Théorie des genres, Op.cit., p. 170.
[10]   Selon les termes d'Umberto Eco dans son livre Lector in fabula, Grasset, 1979.
[11]   Cité par H.-R. Jauss Théorie des genres. Op.cit.
[12]   Au lieu de cette  désignation générique, Goethe préfère parler de « formes naturelles » et tout ce qui est ballade, épigramme, récit, ode, satire, etc. sont pour lui des espèces poétiques ; reproduisant ainsi la binarité biologique, genre et espèce.
[13]   Wolf Dieter Stempel , « Aspects générique de la réception », in Théorie des genres, Op.cit., p. 168.
[14]   Ibid., p.170.
[15]   G. Genette, « Introduction à l'architexte » in Théorie des genres, Op.cit., p. 154./  ou   in Fiction et diction, Paris, Seuils, «  Points essais », p. 77
[16]   A. Compagnon, « Genres et réception » In Fabula [consulté le 14/04/13]  http://www.fabula.org/compagnon/genre4.php
[17]   Idem.
[18] Idem.
[19]   Idem.
[20]   Idem.
[21]  Idem.
[22]  Idem.

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